Le premier ministre de l’Environnement a été nommé il y a 50 ans


Dans MOUVEMENT UP n°3, la rédaction avait dressé le portrait de Robert Poujade, ministre délégué à la protection de la nature et de l’environnement. Décédé en avril 2020, à l’âge de 91 ans, ce fidèle gaulliste avait jugé a posteriori sa mission « impossible ».
Une fonction inédite à l’époque. Entre 1971 et 1974, Robert Poujade a été chargé de « la protection de la nature et de l’environnement », sous l’autorité des chefs de gouvernement Jacques Chaban-Delmas puis de Pierre Messmer.
Un an avant son entrée au gouvernement, le président Georges Pompidou s’était engagé, en marge d’un Conseil des ministres en juin 1970, à ce « que les villes restent et redeviennent habitables, que les citadins aient à leur disposition ces biens élémentaires, l’eau, l’air pur, un peu d’espace et de silence ; que la nature soit à la portée de tous, que soient protégés nos côtes, nos plages, nos forêts et les arbres ; que l’espace rural soit préservé pour la vie des agriculteurs et pour le repos des citadins, que la civilisation moderne et industrielle s’insère dans la nature sans la défigurer et la détruire »…
Et le chef de l’État, plus de trente ans avant la célèbre formule chiraquienne sur la maison qui « brûle », avait affirmé vouloir agir contre « les nuisances de l’industrie et de ses produits ».
Mission impossible
Pourtant, en dépit des beaux mots, l’époque n’était pas encore à la sauvegarde de la planète. Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre de l’Économie et des Finances, avait même déclaré discrètement que ce ministère « ne (devait) rien coûter à l’État ».
Et, en effet, le budget alloué à la protection de la nature a été très faible, et Robert Poujade ne pesait pas grand-chose à côté des nombreux lobbys, qui misaient sur l’industrialisation du pays. Résultat : celui qui fut aussi maire de Dijon, entre 1971 et 2001, a jugé sa mission irréalisable a posteriori, si l’on en croit le titre de son livre paru chez Calmann-Lévy en 1975, Le ministère de l’impossible.
Or, Le Monde a jugé à l’époque son bilan plutôt positif. Robert Poujade, après avoir négocié avec les autres ministères pour récupérer attributions et dossiers, a bataillé, notamment, pour limiter les « nuisances » des industries et lutter, ainsi, contre les pollutions sonores, de l’eau et de l’air.
Après son départ du gouvernement, il poursuivra l’effort et continuera de protéger faune et flore, en dirigeant le tout récent Conservatoire du littoral, établissement public visant notamment à protéger les espaces des zones côtières.
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